Neurodivergence au travail : comprendre le TDAH pour mieux collaborer
Dans nos milieux de travail, la diversité se décline de bien des façons — culture, âge, genre… et aussi fonctionnement cognitif. Parmi les formes de neurodiversité les plus courantes, le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est encore mal compris, tant dans ses défis que dans ses forces.
On estime qu’environ 4 % des adultes vivent avec un TDAH. En réalité, ce chiffre pourrait être plus élevé, car les diagnostics tardifs sont fréquents, notamment chez les femmes ou les profils inattentifs. Pourtant, bien peu d’environnements professionnels sont adaptés à cette réalité.
Cet article propose un regard concret et nuancé : reconnaître les défis que le TDAH peut poser au travail, valoriser les forces souvent insoupçonnées… et identifier des solutions simples, humaines et rentables.
Comprendre le TDAH au travail : au-delà des idées reçues
Le TDAH n’est ni une question de motivation ni une affaire de volonté. C’est un trouble neurologique qui affecte certaines fonctions clés du cerveau, souvent appelées fonctions exécutives :
L’organisation, la planification, la priorisation
Le maintien de l’attention
La gestion du temps et des transitions
L’auto-régulation émotionnelle
Ces fonctions sont sollicitées chaque jour dans la plupart des emplois. Lorsqu’elles sont affaiblies, cela peut rendre certaines tâches plus difficiles à accomplir, malgré les compétences, la bonne volonté ou l’expérience de la personne concernée.
Et parce que les symptômes sont invisibles, les difficultés sont souvent mal interprétées : oubli = négligence, impulsivité = manque de professionnalisme, besoin de pause = paresse. Ce regard injuste ajoute souvent au poids déjà porté par les personnes concernées.
Des défis bien concrets, mais pas insurmontables
Chaque personne vivant avec un TDAH a un profil unique. Mais certains défis reviennent fréquemment :
Gérer l’attention dans un monde de distractions
Rester concentré dans un environnement bruyant, interrompu ou multitâche peut devenir un vrai casse-tête. Les open spaces, les notifications constantes ou les longues réunions sans pause épuisent rapidement la capacité d’attention.
Organiser, planifier, respecter les échéances
Le TDAH affecte souvent la gestion du temps : difficulté à estimer la durée d’une tâche, à prioriser, à structurer un projet en étapes claires. Cela peut mener à de la procrastination, de la surcharge ou du stress chronique.
Passer d’une tâche à l’autre
Changer de tâche exige un effort cognitif réel. Ce qui semble anodin pour d’autres (fermer un dossier pour passer au suivant) peut demander une grande énergie mentale pour une personne avec un TDAH.
Interagir et se réguler
Les personnes avec un TDAH peuvent être perçues comme impulsives, distraites ou réactives. Mais derrière ces comportements se cachent souvent une grande sensibilité, une difficulté à traiter trop d’informations en même temps, ou une fatigue mentale accumulée.
Pour mieux collaborer, il est aussi essentiel de reconnaître les forces que le TDAH peut apporter à une équipe.
Les forces souvent méconnues du TDAH
Parce qu’au-delà des défis, il y a des forces qui gagnent à être reconnues :
Créativité et pensée « hors cadre »
La pensée divergente est une grande richesse : les personnes TDAH trouvent souvent des idées originales, posent des questions que personne ne pose, et voient des connexions inattendues. Ce sont de véritables moteurs dans des projets d’innovation, de communication ou de résolution de problèmes.
Hyperfocalisation
Lorsqu’elles sont engagées dans une tâche qui les stimule vraiment, les personnes TDAH peuvent se concentrer de manière intense et durable. Ce phénomène, appelé hyperfocus, permet parfois d’atteindre une productivité remarquable.
Résilience et capacité d’adaptation
Face à leurs défis, beaucoup développent des stratégies personnelles impressionnantes. Elles sont habituées à composer avec l’imprévu, à rebondir rapidement, à naviguer dans l’ambiguïté.
Ces forces se manifestent d’autant plus fortement chez les personnes vivant une double exceptionnalité, comme celles combinant douance et TDAH — un sujet que nous explorons plus en détail dans cet article.
Aménager le travail : peu coûteux, très payant
Contrairement à ce que l’on croit, les mesures d’adaptation sont souvent simples, peu coûteuses et bénéfiques pour tous. Selon le Job Accommodation Network :
59 % des aménagements ne coûtent rien,
36 % coûtent moins de 500 $ à mettre en place,
et la majorité des employeurs rapportent une hausse de productivité, de rétention et de satisfaction.
Actions concrètes pour favoriser l’inclusion du TDHA en milieu de travail :
Fournir les consignes par écrit ou sous forme de listes
Offrir un horaire flexible ou du télétravail
Permettre des pauses régulières pour mieux gérer l’attention
Utiliser des outils visuels ou des applications de rappel
Clarifier les priorités dans les projets complexes
Donner l’ordre du jour avant les réunions
Former les gestionnaires à mieux comprendre la neurodiversité
Souvent, ces gestes profitent aussi… à toute l’équipe!
Inclure les personnes vivant avec un TDAH TDAH, c’est aussi faire grandir l’équipe
Quand leurs besoins ne sont pas reconnus ou soutenus, les personnes vivant avec un TDAH peuvent se sentir freinées dans leur potentiel ou en décalage avec les façons de faire. Les recherches montrent qu’elles sont plus susceptibles de vivre de l’épuisement professionnel, de changer souvent d’emploi ou de perdre confiance dans leur capacité à contribuer pleinement, surtout dans des milieux peu adaptés.
Mais dans un environnement qui reconnaît leurs particularités et valorise leurs forces, tout change.
Elles deviennent souvent des collègues engagés, créatifs et agiles, capables d’apporter une perspective unique, de s’investir pleinement et de contribuer à une dynamique d’équipe riche et stimulante.
Miser sur la neurodiversité, ce n’est pas seulement inclure. C’est enrichir la culture d’équipe, stimuler l’innovation… et bâtir un climat de travail où chacun peut donner le meilleur de soi.
Quelques repères pour agir dès maintenant
Si vous êtes gestionnaire :
Encouragez une communication claire et bienveillante.
Intéressez-vous aux besoins spécifiques de vos employés, sans jugement.
Offrez des outils, du coaching ou un mentorat organisationnel si nécessaire.
Si vous êtes collègue :
Évitez les jugements rapides.
Restez curieux face à des façons de faire différentes.
Favorisez des échanges ouverts sur les façons de mieux collaborer ensemble.
Et si on bâtissait un climat de travail où chacun peut s’épanouir?
Intégrer et soutenir les personnes vivant avec un TDAH, c’est bien plus qu’un geste d’inclusion. C’est créer un milieu de travail plus humain, plus souple, plus intelligent. Un milieu qui reconnaît que derrière chaque profil atypique se cache une contribution unique — à condition de lui faire une vraie place.
Chez Ax Conseil, nous croyons que la performance durable passe par la compréhension fine des humains qui composent une organisation. C’est aussi cela, bâtir une culture de bien-être.
Source : Centre for ADHD Awareness, Canada (CADDAC)