Comment reconnaître et éliminer les biais cognitifs au travail?

Les biais cognitifs sont profondément enracinés en chacun de nous et affectent nos relations professionnelles ainsi que notre environnement de travail. Ils influencent nos perceptions et nos actions quotidiennes à notre insu, compromettant ainsi les efforts d'équité, de diversité et d'inclusion en entreprise.

Comment pouvons-nous alors prendre conscience de nos propres biais et de leur impact pour créer des milieux de travail inclusifs et psychologiquement sécuritaires?

 

Comprendre les biais cognitifs

Un biais cognitif est un raccourci mental inconscient qui se manifeste lors de la prise de décisions rapides ou de l'interprétation de diverses informations. Malheureusement, en raison de leur nature irrationnelle, ils conduisent à de nombreuses erreurs de perception et de jugement, et à des décisions inadéquates. Nous avons tendance à simplifier pour répondre à nos besoins personnels, protéger notre ego ou nos intérêts ou pour pallier à un manque d’information. Le sexisme, l’âgisme et les préjugés liés au nom, à l'apparence physique, à la religion ou à l'ethnie en sont des exemples courants.

L’impact des biais cognitifs sur le milieu de travail

Les biais cognitifs au travail peuvent poser des risques pour la santé mentale et le bien-être des employés. Ils peuvent entraîner, entre autres, de la stigmatisation, de la discrimination, un sentiment d’injustice, de l’isolement professionnel et du désengagement. Ces conséquences nuisent également à la santé organisationnelle, en contribuant à l'absentéisme, à un taux de roulement élevé et à une diminution de la productivité.

Exemples de cas fictifs en entreprise

  • Exemple 1 : Jean, un gestionnaire expérimenté, doit choisir un chef de projet pour un nouveau client important. Parmi les candidats, il y a Léa, une employée compétente avec des résultats remarquables, et Marc, un collègue avec qui Jean a souvent déjeuné et discuté de leurs passions communes. Bien que les performances de Léa soient supérieures, Jean, influencé par le biais de similarité, décide de promouvoir Marc, croyant qu'il sera plus facile de travailler avec quelqu'un qui partage ses intérêts personnels. Cette décision, basée sur des affinités personnelles plutôt que sur des critères objectifs de compétence, entraîne des résultats décevants et des tensions au sein de l'équipe.

  • Exemple 2 : Sophie, directrice des ventes, doit évaluer les performances de ses commerciaux pour une promotion. Parmi eux, il y a Nadia, une jeune employée très performante, et Paul, un employé plus âgé avec une longue expérience dans l'entreprise. Sophie, influencée par un biais d'âge (âgisme), pense inconsciemment que Paul, en raison de son expérience, est plus fiable et mieux adapté à un poste de responsabilité, malgré les résultats supérieurs et les innovations apportées par Nadia. Elle décide de promouvoir Paul, ce qui démotive Nadia et prive l'équipe de l'élan innovant qu'elle apportait.

Réduire leur influence en milieu de travail

Employeurs et gestionnaires, il est crucial que vos employés et vous soyez sensibiliser aux différents biais cognitifs en ouvrant le dialogue et en offrant des formations spécifiques. Assurez-vous que ces formations ne se limitent pas à la simple transmission de connaissances sur les différents biais, car cela aura peu d'impact sur le changement de comportement. Privilégiez les activités introspectives et pratiques réparties dans le temps, avec des exemples concrets applicables à votre contexte organisationnel, afin que les employés puissent se reconnaître et comprendre les comportements attendus et valorisés.

Je recommande également de créer un comité ou de faire appel à des consultants pour examiner vos pratiques de gestion et vos politiques, en particulier en matière de recrutement. Vous serez étonné de découvrir la quantité de biais non intentionnels qui peuvent s’y glisser. Par exemple, la sélection d’un CV et d’un candidat en entretien d’embauche sont des exercices remplis de jugements et d’interprétations qu’il faut surveiller : présomptions sur certaines qualités basées sur les expériences mentionnées dans le CV, formulation de questions pour obtenir des réponses attendues, concentration sur les caractéristiques de la dernière entrevue, apparence physique, etc.

Je vous invite à consulter la ressource ShortCogs, qui offre un guide pratique des biais cognitifs.

Prendre conscience de nos propres biais

Il est essentiel de développer une conscience accrue de nos biais pour les surmonter et limiter leurs impacts. Puisqu'ils prennent racine dans les stéréotypes, les préjugés et les partis pris, il est possible de les identifier. Je vous invite à pratiquer une introspection quotidienne pour contrecarrer ces réflexes.

Posez-vous les questions suivantes :

  • « Qu’est-ce qui influence ma pensée? (Mon humeur, un sentiment, une motivation cachée, une préférence personnelle, une impression ou un commentaire reçu peut-être?) »

  • « Quelle pourrait être la véritable répercussion de ma décision sur mes collègues et sur le climat de travail? »

Pour aller plus loin, je vous lance le défi de chercher ce qui invalide vos croyances et d'explorer des ressources supplémentaires sur le sujet.

Développer son humilité intellectuelle

Recadrer objectivement ses pensées pour réduire les erreurs mentales peut sembler difficile. C’est pourquoi il est essentiel de faire preuve d’humilité intellectuelle et de bienveillance envers soi-même, mais aussi envers vos collègues, qui sont également confrontés à divers biais à combattre.

Ensemble, nous pouvons travailler à entretenir des relations professionnelles saines et créer des environnements de travail inclusifs et en bonne santé.

À lire aussi : L’ouverture : Un atout clé pour les gestionnaires en contexte de changement organisationnel

Sources : Gratton, C, & Gagnon-St-Pierre, E. (2020). Heuristiques et biais cognitifs. Raccourcis : Guide pratique des biais cognitifs Vol.2. En ligne : www.shortcogs.com

Jessy Riel

Jessy Riel est fondatrice d’Ax Conseil, une entreprise qui accompagne les gestionnaires à surmonter les défis de nature humaine, relationnelle et organisationnelle en conjuguant saine performance, santé mentale et bienveillance.

Détentrice d’un diplôme d’études supérieures spécialisées en conseil en management et d’un baccalauréat multi en psychologie, santé mentale et criminologie, elle cumule plus de 12 ans d’expérience en intervention auprès d’une vaste clientèle. Ses deux champs d’expertise font d’elle l’alliée #1 des leaders qui désirent déployer le potentiel humain tout en cultivant quotidiennement la santé psychologique et le bien-être au travail.

À titre de coach, formatrice et facilitatrice certifiée, elle est reconnue pour la qualité et la précision de ses interventions qui font émerger à tout coup des prises de conscience puissantes qui ouvrent la voie vers un changement sain, bénéfique et durable.

Ses sujets de prédilection sont les saines pratiques de gestion, l’efficacité personnelle, professionnelle et relationnelle, l’intelligence émotionnelle, la communication et la santé mentale.

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